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Quels sont les facteurs qui augmentent le risque de mourir de la COVID-19 ?
Texte mis à jour le 2020-05-25
Les facteurs de vulnérabilité qui augmentent le risque de mourir du COVID-19 sont l’âge et certaines maladies pré-existantes telles que le diabète, l’hypertension, une maladie cardiovasculaire, l’obésité ou une insuffisance rénale.
La probabilité de mourir de la COVID-19 pour une personne infectée varie selon de nombreux paramètres. Les principaux paramètres qui ont été identifiés à ce jour pour la COVID-19 sont l’âge et la présence de certaines maladies préexistantes (comorbidité). Grâce à l’avancée de nos connaissances et à l’expérience des soignants, la probabilité de mourir de la COVID-19 a tendance à diminuer.
Attention, les estimations calculées sont à prendre avec précaution : elles ne prennent pas en compte les personnes infectées non détectées (tout le monde n’est pas testé), ni les personnes infectées dont la survie/guérison est encore incertaine.
Âge : Entre 20 et 49 ans, le risque de mourir du COVID-19 pour une personne infectée est très faible et ne dépend pas de l’âge. Le risque de mourir commence à augmenter à partir des plus de 50 ans. Cet effet de l’âge est observé à la fois en Asie, en Europe et en Amérique du Nord. Une personne de 80 ans et plus a environ 14% de risque de mourir de la COVID-19 si elle l’attrape. Une personne de 70-79 ans a 3-8% de risque d’en mourir. Des chiffres du même ordre ont été mesurés en Chine, Europe et Etats-Unis.
Sexe : Les hommes ont un risque plus élevé que les femmes (observé en Asie, Europe et Etats-Unis). Cet effet du sexe est détecté pour les personnes de plus de 70 ans.
Comorbidité : Le risque de mourir de la COVID-19 pour une personne infectée est plus élevée si elle présente les maladies suivantes : maladie cardiovasculaire, diabète, maladie respiratoire chronique, hypertension, cancer, insuffisance rénale, maladie cérébrovasculaire.
Surpoids, obésité : Les personnes en surpoids ou obèses ont davantage de risques de développer une forme grave de la maladie.
Hospitalisation pour COVID-19 : Les personnes hospitalisées pour la COVID-19 montrent des formes graves de la maladie. L’analyse de 95 218 personnes hospitalisées à cause de la COVID-19 en France indique qu’en moyenne 18% des patients hospitalisés à cause de la COVID-19 meurent. Ces chiffres varient selon les pays suivant la saturation des services de réanimation, l’âge de la population et les facteurs de comorbidité dans la population.
Cigarette : Les données concernant le tabac sont contradictoires. En effet, certaines études suggèrent que les fumeurs développent des symptômes respiratoires plus graves alors que d’autres indiquent soit pas d’effet du tabac, soit même un effet protecteur (par exemple, dans le cas des marins du porte-avion Charles de Gaulle). Des études supplémentaires sont nécessaires pour connaître l’effet réel du tabac.
Sources
Analyse de 95 218 personnes hospitalisées pour cause de COVID-19 en France qui ont conduit à 16 386 décès : la probabilité de mourir du coronavirus si on est infecté est estimée à 8% pour les 80 ans et plus (environ 6% pour les femmes et 14% pour les hommes) et à 3% pour les 70-79 ans (environ 2% pour les femmes et 4% pour les hommes). En moyenne, 18% des patients hospitalisés pour cause de COVID-19 meurent.
Salje, H., Kiem, C. T., Lefrancq, N., Courtejoie, N., Bosetti, P., Paireau, J., ... & Le Strat, Y. (2020). Estimating the burden of SARS-CoV-2 in France. Science eabc3517Etude rétrospective de > 40 000 cas COVID en Chine. Le taux de létalité est plus élevé chez les personnes présentant des comorbidités préexistantes : il est de : 10,5% pour les maladies cardiovasculaires, 7,3% pour les diabètes, 6,3% pour les maladies respiratoires chroniques, 6,0% pour l’hypertension et 5,6% pour les cancers.
Wu, Z., & McGoogan, J. M. (2020). Characteristics of and important lessons from the coronavirus disease 2019 (COVID-19) outbreak in China: summary of a report of 72 314 cases from the Chinese Center for Disease Control and Prevention. Jama, 323(13), 1239-1242.Méta-analyse des cas de COVID-19 dans des hôpitaux chinois: les personnes plus âgées ou avec des co-morbidités (diabétiques, hypertension, problèmes cardiovasculaires ou respiratoires) étaient plus susceptibles de présenter des symptômes graves.
Yang, J., Zheng, Y., Gou, X., Pu, K., Chen, Z., Guo, Q., … Zhou, Y. (2020). Prevalence of comorbidities and its effects in patients infected with SARS-CoV-2: a systematic review and meta-analysis. International Journal of Infectious Diseases, 94, 91–95.Etude rétrospective de > 44 000 cas COVID-19 en Chine : la probabilité de mourir du coronavirus si on est infecté pour les 80 ans et plus est estimée à 14,8% et celle des 70-79 ans à 8%. Un adulte symptomatique SARS-CoV-2 positif qui n’a pas de problèmes médicaux préexistants ("comorbidité") a une probabilité de 0,9 % de mourir.
Vital Surveillances (2020). The epidemiological characteristics of an outbreak of 2019 novel coronavirus diseases (COVID-19)—China, 2020. China CDC Weekly, 2(8), 113-122.Etude de l’épidémie en Italie à la date du 17 mars 2020: la probabilité de mourir pour les 80 ans et plus atteints du COVID-19 a été estimée à 20% et celle des 70-79 ans à 12,8%.
Onder, G., Rezza, G., & Brusaferro, S. (2020). Case-fatality rate and characteristics of patients dying in relation to COVID-19 in Italy. Jama.Analyse de l’épidémie en Corée du Sud à la date du 24 mars 2020: la probabilité de mourir pour les 80 ans et plus atteints du COVID-19 a été estimée à 13,6% et celle des 70-79 ans à 6,4%.
Kim, D. H., Choe, Y. J., & Jeong, J. Y. (2020). Understanding and interpretation of case fatality rate of coronavirus disease 2019. Journal of Korean Medical Science, 35(12).Méta-analyse basée sur 33 études montrant l’augmentation du risque de développer des symptômes graves (24 études) ou de décéder (9 études) du COVID-19 chez les patients diabétiques.
Kumar, A., Arora, A., Sharma, P., Anikhindi, S. A., Bansal, N., Singla, V., ... & Srivastava, A. (2020). Is diabetes mellitus associated with mortality and severity of COVID-19? A meta-analysis. Diabetes & Metabolic Syndrome: Clinical Research & Reviews.Rapport de l’Institut Italien de la Santé (Istituto Superiore della Sanità, ISS) révélant que 96% des 29 692 patients décédés en Italie au 14/05/2020 étaient porteurs d’au-moins une comorbidité : les plus fréquentes sont l’hypertension (68% des patients), les maladies cardiovasculaires (67%), le diabète de type 2 (31 %), l’insuffisance rénale (21%), les affections pulmonaires chroniques obstructives (17%), les démences (16 %), le cancer (cancer actif dans les 5 dernières années, 16%) et les maladies cérébrovasculaires (11%) . En outre, 11% des personnes décédées étaient obèses.
Characteristics of Sars-CoV-2 patients dying in Italy. Report based on available data on May 14th, 2020. Istituto Superiore di Sanità.Une étude chinoise portant sur 112 patients atteints de COVID-19 montre que les patients placés en soins intensifs présentaient en moyenne un Indice de Masse Corporelle (IMC) supérieur à celui des patients avec une forme plus légère de la maladie. De plus, 88% des patients décédés étaient en surpoids (IMC > 25 Kg/m2) contre 19% des patients survivants.
Peng, Y. D., Meng, K., & Guan, H. Q. (2020). Clinical features and outcome of 112 cases of novel coronavirus pneumonia in cardiovascular patients. Chin J Cardiol, 48.Étude de l’université de Lille menée sur 124 patients COVID-19 admis en soins intensifs montrant que l’intubation est plus souvent requise chez les hommes et chez les personnes présentant une obésité (IMC > 30 kg/m2) ou une obésité sévère (IMC > 35 kg/m2), et ce, indépendamment de leur âge, de la présence de diabète ou d’hypertension.
Simonnet, A., Chetboun, M., Poissy, J., Raverdy, V., Noulette, J., Duhamel, A., ... & Lille Intensive Care COVID‐19 and Obesity study group. (2020). High prevalence of obesity in severe acute respiratory syndrome coronavirus‐2 (SARS‐CoV‐2) requiring invasive mechanical ventilation. Obesity.Une analyse détaillée des 29 cas graves de COVID-19 ayant nécessité une oxygénation sur le porte-avion Charles de Gaulle (sur les 1766 personnes testées) montre que l’âge ainsi que le surpoids sont des facteurs augmentant le risque de développer une forme grave de la maladie. La classe d’âge des 36 - 46 ans était 6 fois plus à risque de développer une forme grave par rapport aux marins plus jeunes, risque encore aggravé chez les 46 - 60 ans. Les marins présentant un surpoids ou une obésité (IMC ≥ 25 Kg/m2) avaient 3,5 fois plus de risque de développer une forme grave. Par contre, le fait d’être fumeur protège de la survenue d’une forme grave.
Ministère des armées, Service de santé des armées. Investigation de l’épidémie de COVID-19 au sein du Groupe Aéronaval, 21 janvier - 13 avril 2020.Fontanet, A., Tondeur, L., Madec, Y., Grant, R., Besombes, C., Jolly, N., ... & Temmam, S. (2020). Cluster of COVID-19 in northern France: A retrospective closed cohort study. medRxiv.